Audience de la Radio en France : défis et renouveau

Sur la route des vacances, la nouvelle tombe

Avant de partir en vacances après une année riche en événements et bouleversements, le dernier communiqué de Médiamétrie tombe et révèle une tendance préoccupante pour le secteur de la radio en France. Le nombre d’auditeurs continue de baisser. En une décennie, la radio a perdu près de 4,7 millions d’auditeurs comme le souligne une analyse de la Lettre Pro. Le nombre d’auditeurs passant de 43 322 000 en 2012 à 38 727 000 en 2024 (Sur une journée moyenne de Lundi-Vendredi).

Après un moment de consternation, essayons d’analyser ces chiffres.

Les causes du déclin

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance :

  1. Crise du Covid-19 et changement de mobilité : La pandémie a bouleversé les habitudes de déplacement domicile-travail, impactant directement l’écoute de la radio.
  2. Prolifération des offres et des flux : L’émergence de nouvelles plateformes ou des réseaux sociaux, et une couverture 5G ou la fibre à la maison offrent aux auditeurs et auditrices une multitude de choix, réduisant ainsi l’audience des radios traditionnelles en broadcast.
  3. Le retard dans l’offre broadcast numérique : la France accuse un certain retard dans le déploiement du DAB+. L’ARCOM vient enfin de publier son livre blanc pour rattraper ce retard.

Le Podcast : nouveau souffle pour les radios

Face à cette baisse de l’audience radio, les radios se positionnent sur une offre simulcast (offrant leur flux radio et des déclinaisons thématiques) et une grosse offre de podcasts replay. Le podcast émerge comme une alternative séduisante. Les chiffres d’écoute des podcasts montrent une croissance continue, illustrant un changement des habitudes d’écoute des Français. Le podcast permet une écoute à la demande, offrant une flexibilité que la radio linéaire ne peut pas toujours proposer.

L’Éducation Nationale : Un rôle central à jouer

Il est essentiel que les pouvoirs publics intègrent l’écoute de la radio dans les programmes scolaires. Nous ne parlons pas d’EMI mais bien d’écoute de la radio, à l’instar du quart d’heure lecture. Il ne suffit pas de dire aux jeunes de ne plus utiliser leurs portables, il faut leur proposer une alternative divertissante, éducative et informative, qui développe l’imaginaire et structure la pensée. Cette initiative, proposée par La Skol, vise à réinventer l’écoute et à former les jeunes aux médias audios dès le plus jeune âge et à créer des auditeur.rice.s de demain. Vous pouvez en savoir plus sur cette proposition ici.

Investir dans l’humain et l’innovation

Chaque année, plus d’un millier de personnes sortent de la branche de la radiodiffusion et le même nombre y entre. Tous et toutes ne sont pas formés. Comme le souligne l’opérateur de compétences de la branche l’AFDAS « La formation n’est donc plus une option ! ». Les radios doivent investir dans la formation de leurs équipes pour maintenir un haut niveau de compétence et d’innovation. De plus, les programmes innovants sont essentiels pour rivaliser avec les géants de l’audio qui proposent des playlists sans publicités. Dans cette optique nous soutenons la proposition du SIRTI visant à réduire les mentions légales en radio, qui discriminent ce média par rapport aux autres, notamment numériques.

La radio en France fait face à des défis importants, mais l’essor du podcast et les initiatives en matière de formation et d’innovation offrent des perspectives positives. Il est impératif que tous les acteurs, publics et privés, collaborent pour préserver et dynamiser ce média essentiel qui reste le plus crédible auprès des français et des françaises d’après le baromètre publié par le journal La Croix.