Une réforme, des débats
La récente annonce par la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, d’une possible réforme du service public audiovisuel en France soulève des inquiétudes quant à l’avenir des radios notamment celles du réseau France Bleu. En évoquant la nécessité de ne pas “esquiver le débat” face aux mutations technologiques et à l’évolution des usages du public, la ministre met en lumière les défis auxquels le secteur est confronté.
Cette réforme, visant à renforcer les coopérations et créer des synergies au sein de l’audiovisuel public, pourrait, selon certains, menacer l’existence même des radios locales si elle n’est pas menée avec prudence. Ces stations jouent un rôle crucial dans le tissu social et culturel français, offrant un espace de dialogue, d’information de proximité et de diversité culturelle. Même si les dernières années ont vu les audiences reculer, le service public œuvre pour trouver de nouvelles solutions.
Et les radios locales ?
Au-delà de France bleu, l’attachement des Français à nos radios, qu’elles soient associatives, publiques ou commerciales, réside dans leur capacité à éviter la concentration des médias et à maintenir une pluralité de voix et de perspectives avec des animateurs et animatrices qui ne viennent pas et qui ne parlent pas de la capitale. La réforme envisagée doit donc veiller à préserver cet équilibre délicat, garantissant que l’audiovisuel public continue de refléter la richesse et la diversité de la société française, sans compromettre l’existence des radios locales qui en sont le cœur vibrant.
Lors des derniers vœux de l’ARCOM, son président, Roch-Olivier Mestre a évoqué une réflexion sur le dispositif anti-concentration de la loi de 1986*. Ce rempart qui interdit le rachat de radios pour les grands groupes doit-il être supprimé, doit-il être modifié ou doit-il rester tel quel ? Si ce rempart tombe, quid de la pluralité et la diversité du paysage radiophonique actuel.
Cette question mérite toute notre attention, et il faudra évaluer tous changements.
Un champion à la Française ?
La ministre annonce qu’elle souhaite créer une holding afin d’avoir un audiovisuel public puissant. Elle reprend les travaux du sénat de 2015 afin de résister à la concurrence des « acteurs du net et des plateformes américaines ». A l’instar de la BBC qui d’ailleurs s’affirme outre-manche en créant de nouvelles radios thématiques.
Dans ce contexte et si elle a bien lieu, il est crucial que la réforme envisagée par le gouvernement soit conduite avec un sens aigu de la responsabilité, de la déontologie et de l’intérêt général, en tenant compte des spécificités et des besoins de chaque composante de l’audiovisuel public français (des journalistes, des animateur.rise.s, des auteur.rice.s, des technicien.ne.s, des réalisateur.rice.s et de tous les métiers en interne). La réussite de cette réforme dépendra de sa capacité à concilier innovation et préservation de l’identité unique du service publique, véritable pilier de la démocratie et de la cohésion sociale en France.
*Une même personne physique ou morale ne peut, sur le fondement d’autorisations relatives à l’usage de fréquences dont elle est titulaire pour la diffusion d’un ou de plusieurs services de radio par voie hertzienne terrestre en mode analogique, ou par le moyen d’un programme qu’elle fournit à d’autres titulaires d’autorisation par voie hertzienne terrestre en mode analogique, disposer en droit ou en fait de plusieurs réseaux que dans la mesure où la somme des populations recensées dans les zones desservies par ces différents réseaux n’excède pas 150 millions d’habitants.